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La dernière grande crue de février 1990 n’a pas provoqué de dégâts comparables à celles de 1875 et 1910.

Or, la comparaison des intensités de pluie de ces trois crues (tableau ci-dessous) indique que l’évènement de 1990 est bien plus important que les deux autres.

Les crues du début de 1875 et 1910 étaient probablement plus débordantes que la crue de 1990, comme peut en témoigner le plan historique des débordements de la crue de 1918.

En 1918 la Leysse a débordé en plusieurs points :

• en rive droite en amont du pont SNCF,
• en amont du coude de Villarcher,
• en amont du pont du Tremblay,
• et en rive gauche en amont du pont de la Motte.

Les débordements ont été de moins grande ampleur en 1990.

Une des explications possibles pourrait être le niveau de la Leysse. 

En effet, il est probable que les inondations de 1875 et 1910 aient été provoquées par un lit plus engravé et plus haut.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons comparé des données topographiques historiques avec des données actuelles du niveau du fond de la Leysse. Des archives de 1875, 1913, 1918 et 1947 ont été exploitées. Ces cotes historiques du fond du lit de la Leysse ont été comparées aux cotes actuelles au niveau des ponts afin d’avoir un référentiel stable dans le temps.

On a pu observer un enfoncement de la Leysse de 50 cm à 3 m entre 1875 et aujourd’hui.

On peut le constater sur la photo ci-dessous, sous le pont SNCF dans le secteur de la zone industrielle de Bissy à Chambéry. Entre 1913 et aujourd’hui, le fond s’est enfoncé de 2.5 m.

• Avec la déprise agricole, la forêt a considérablement progressé sur le bassin versant de la Leysse. Cette végétation a eu pour effet de réduire l’érosion des flancs de montagne et à réduire la production de matériaux alluvionnaires ;

• De nombreuses opérations de curages ont été entrepris sur la Leysse entre 1875 et la fin des années ‘80. Ces extractions de matériaux alluvionnaires ont eu pour effet de descendre artificiellement le lit de la Leysse.

• Enfin, une analyse sommaire des chroniques de débits de la Leysse montre que les crues au débit supérieur à 70 m³/s sont moins fréquentes qu’auparavant. Ce phénomène « climatique » a pour effet de ralentir le moteur permettant de transporter les matériaux de l’amont vers l’aval.

Cet enfoncement confirme que la crue de février 1990 était plus importante que celles de 1875 et 1910 mais ses effets moins importants.

Aujourd’hui, le CISALB réalise régulièrement des campagnes de levé topographique de la Leysse afin de surveiller l’évolution du fond, notamment sur les tronçons ayant fait l’objet de travaux de confortement des digues et de renaturation du cours d’eau. En effet, les changements morphologiques induits par les aménagements modifient la dynamique sédimentaire de la rivière pouvant mener à des enfoncements ou exhaussements localisés; les ouvrages de protection contre les inondations pehvent en être impactés.