Les réserves collinaires : exemple de la retenue de La Villette

Depuis le début du 21ème siècle nous subissons des extrêmes climatiques de plus en plus forts, de plus en plus fréquents. 2003 a marqué les esprits par l'extrême sécheresse qu'a subi notre territoire.

C’était en 2003… un été caniculaire

Cet épisode estival a marqué la mémoire collective : mortel pour nos aînés sensibles à la chaleur, catastrophique pour nos milieux aquatiques asséchés, tragique pour la filière agricole. Ce sont 90% de perte en maraichage et en arboriculture qui ont été comptabilisés durant cette épisode d’extrême sécheresse. Les répercussions se sont fait sentir la saison suivante également.

Considéré comme un phénomène exceptionnel (par son intensité et sa durée) en 2003, il n’en est plus de même en 2020. En effet, depuis cette première alerte, les périodes de sécheresse se sont succédé, plus ou moins longues, plus ou moins intenses, accompagnées ou non de fortes températures mais avec toujours les mêmes conséquences sur l’agriculture.

Afin de préserver les milieux aquatiques et la ressource en eau disponible à la consommation, des contraintes réglementaires limitent les usages de l’eau et notamment l’irrigation agricole (prélèvements en cours d’eau interdits, horaires d’irrigation réduits…). Mais l’eau potable disponible n’est plus suffisante pour assurer l’irrigation lors de ces périodes sèches. Pourquoi ? Parce que nos sources ne disposent pas d’un débit suffisant pour satisfaire les besoins domestiques, agricoles et naturels en même temps sans être rechargées par les pluies.

Alors comment concilier disponibilité en eau, pérennisation de l’agriculture locale et respect des milieux aquatiques ?

Une étude basée sur le territoire de l’Epine (très agricole et particulièrement sensible aux épisodes de sécheresse) a permis d’identifier des solutions :

  • Utilisation du réseau d’eau potable, pompage dans le lac ou réutilisation des eaux usées traitées
  • Création de trois retenues collinaires collectives

La seconde proposition était la seule réponse techniquement et économiquement réaliste, elle a donc intégré le PGRE. Les réalisations ont débuté.

Terrassement de la retenue de La Villette©Cisalb
Terrassement de la retenue de La Villette

Exemple de la retenue dite de La Villette située sur la commune de la Motte-Servolex

Au printemps 2020, la première retenue collinaire est entrée en service. D’un volume de 12 000 m3, elle permet de répondre aux besoins d’irrigation des 7,5 Ha actuellement cultivés à proximité par 3 exploitants agricoles.

Les productions maraichère et arboricole vendues en circuit court bénéficient de l’eau de cette retenue.

La retenue vise à éviter les prélèvements agricoles dans le cours d’eau. Mais des démarches d’économie de l’eau sont associées à ces travaux :

  • Amélioration des techniques d’irrigation en investissant obligatoirement dans du matériel économe en eau (goutte-à-goutte, micro-aspersion…)
  • Création d’un réseau d’irrigation performant avec comptage des volumes consommés
  • Apports en eau calculés à la parcelle et conformes aux besoins des plantes
  • Maintien d’un débit biologique dans le fossé d’eau de pluie à proximité de la retenue
  • Remplissage de la retenue uniquement en période de « hautes eaux » (en période de pluies)
Retenue collinaire de La Villette terminée et remplie©Cisalb
Retenue collinaire de La Villette terminée et remplie
Longueur 160 m
Largeur 40 m
Profondeur 2 m
Surface en eau 5 000 m²
Volume d'eau stocké 12 000 m3
Durée de remplissage 1,5 mois
Réseau d'irrigation associé 1 160 m linéraires

 

D’un montant total de 852 000 € HT, le projet a été subventionné à 80%

  • 60% par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée
  • 10% par le FEADER
  • 10% par la Région Auvergne Rhône-Alpes
  • Les exploitants agricoles bénéficiaires de la retenue contribuent financièrement en payant les volumes d’eau consommée

Définitions

Débit minimum biologique d'un cours d'eauPGRE : Plan de gestion de la ressource en eauIrrigationMicro aspersion

Des projets individuels agricoles aussi

Ce projet collectif de grande échelle fait écho à la démarche engagée par de nombreux exploitants agricoles du bassin versant dans des projets individuels de gestion de la ressource en eau.